L’OIT (l’Organisation internationale du travail) pointe du doigt de nouvelles discriminations

mardi 15 mai 2007

Dans un rapport sur l’emploi publié jeudi, l’organisation internationale du travail constate de nouvelles formes de discrimination, plus subtiles, envers les handicapés, les malades, ou les homosexuels.

Les personnes handicapées, homosexuelles ou vivant avec le virus du SIDA subissent de nouvelles formes plus subtiles de discrimination en matière d’emploi, souligne l’Organisation internationale du travail (OIT) dans un rapport publié jeudi 10 mai.

Malgré des progrès, le sexe, la couleur de la peau et la religion continuent à déterminer la manière dont les personnes sont traitées sur le marché du travail et dans le lieu où elles exercent leur activité professionnelle, souligne l’OIT dans son rapport sur les conditions de travail dans le monde. Les femmes sont particulièrement victimes de discriminations.

« Il est frappant de voir la discrimination présente partout dans le monde, indépendamment de la richesse ou de la pauvreté d’un pays ou de son système politique », souligne Manuela Tomei, auteure du rapport de 127 pages. « La discrimination est quelque chose que la société ne peut plus tolérer. »

Les femmes, principales victimes de discrimination

Alors que de plus en plus de femmes entrent sur le marché du travail dans le monde, elles restent partout moins payées que les hommes à emploi égal. Elles continuent également à se heurter à un « plafond de verre » qui restreint leur accès aux plus hautes fonctions.

« De nombreux pays collectent des statistiques sur le salaire selon le sexe mais ne les publient pas », car ils estiment que ce n’est pas important, souligne Manuela Tomei. « C’est très courant en Asie. »

Citant des chiffres de 2004, le rapport note que les femmes gagnent au moins 30% de moins que les hommes dans les emplois manufacturés en Asie. Il existe également un écart important en Europe, où elles gagnent dans ces mêmes emplois moins de 80% du salaire des hommes dans une dizaine de pays dont l’Allemagne, l’Autriche, la Grande-Bretagne, l’Irlande et la Suisse.

Les employeurs dans le monde trouvent également des moyens subtils d’établir des discriminations sur la base de la couleur de la peau ou de l’origine ethnique, selon Manuela Tomei.

Homosexualité : illégale dans 80 pays

« Le terme ’bonne présentation’ peut simplement signifier un teint clair ou une grande taille, excluant de fait certains groupes raciaux », explique-t-elle. « L’exigence de taille est une autre forme indirecte (de discrimination). Il n’est pas nécessaire d’avoir une certaine taille pour être réceptionniste ou vendre des livres. »
Les discriminations contre les homosexuels « n’ont été reconnues que récemment comme intolérables » par de nombreux pays, souligne Mme Tomei. Elle souligne toutefois que l’homosexualité reste illégale dans près de 80 pays et passible de « châtiments corporels, voire de la peine de mort ».

L’utilisation de tests de dépistage du SIDA est « extrêmement répandue » pour sélectionner des candidats à des emplois, malgré les lois interdisant de telles pratiques, souligne Manuela Tomei. « De nombreuses personnes sont soumises à des tests sur le SIDA sans même le savoir », ajoute-t-elle.

Le dépistage génétique, une pratique inquiétante

Autre pratique de plus en plus inquiétante, le dépistage génétique, que les employeurs utilise parfois pour éliminer des candidats qui présenteraient des prédispositions à des maladies génétiques, souligne le rapport. Les « modes de vie mauvais pour la santé » sont également un critère utilisé pour établir une discrimination contre les fumeurs ou les personnes obèses.

Par ailleurs, le rapport note que des améliorations simples sur le lieu de travail, comme des claviers braille ou l’usage du langage des signes le plus rudimentaire, pourraient améliorer les chances de nombreuses personnes atteintes de cécité ou de surdité d’accéder à l’emploi dans le monde. (AP)

NOUVELOBS.COM du 10/05/2007