Vous venez d’être élu(e)s au Parlement Européen. C’est à ce titre que nous, membres du Comité Européen de la société STMicroelectronics nous adressons à vous.
STMicroelectronics et la filiale ST-Ericsson sont des sociétés à très forte implication européenne. Elles conçoivent et fabriquent des circuits électroniques (« puces »). ST-Ericsson est née en 2009, de la fusion à 50-50 des activités « circuits pour le téléphone mobile » de Ericsson et ST. Auparavant, ST avait absorbé la branche téléphonie de NXP (ex-Philips Semi-Conducteurs).
Sur les 50 000 salariés de l’ensemble STMicroelectonics & ST-Ericsson dans le monde, 22900 travaillent en Europe : Allemagne, France, République Tchèque, Italie, Suède, Finlande, Suisse, Pays-Bas, Royaume Uni, Malte, … ST & ST-Ericsson sont aussi présentes au Maroc, en Turquie.
Les Etats français et italien sont les actionnaires de référence, par le biais d’un pacte d’actionnaire, de STMicroelectronics. ST représente ZZ% des exportations de Malte. Ericsson est une entreprise majeure de Suède. ST et ST-Ericsson sont les fournisseurs de plusieurs sociétés européennes importantes comme Nokia, Sony-Ericsson, Bosch …
La filiale ST-Ericsson a annoncé le 29 avril 2009 un plan de 1200 suppressions de postes, touchant majoritairement l’Europe. En novembre 2008, 500 emplois avaient déjà été supprimés, là aussi principalement en Europe. La quasi-totalité des emplois supprimés sont hautement qualifiés.
L’Europe affiche l’ambition d’être une « économie de la connaissance ». La micro-électronique est à la base de l’ensemble des industries de haute technologie. Or non seulement l’Europe accuse un retard important dans ce domaine vis-à-vis des Etats-Unis et de l’Asie, mais elle subit une crise majeure. Plusieurs acteurs européens sont en difficulté (Quimonda, NXP). De nombreuses autres sociétés licencient (Atmel, Freescale, …). Quant à STMicroelectronics sa stratégie est hasardeuse. Elle s’est partiellement désengagée des activités « Mémoires » (création de Numonyx avec Intel en mars 2008) ; elle a renoncé à développer en Europe le cœur de la technologie en 2007 ; l’outil industriel prend du retard ; et maintenant la société ST-Ericsson licencie elle aussi.
Ces difficultés ne sont pas conjoncturelles. Elles sont dues principalement à un sous-investissement en R&D et sur le plan industriel. Ainsi qu’à des stratégies basées sur des impératifs financiers de court terme.
Si l’on considère ST-Ericsson dans son ensemble il apparaît que certaines ressources ou compétences sont d’ores et déjà insuffisantes pour atteindre les objectifs fixées par la société en termes de parts de marché et chiffre d’affaire.
Derrière les suppressions d’emplois annoncées semble se profiler la délocalisation d’une partie de ces emplois sur le continent américain et le sous-continent indien.
Les membres du comité d’établissement européen vous demandent de mettre en œuvre tous les moyens mis à votre disposition pour :
- Empêcher ST-Ericsson de supprimer dans les semaines à venir les 1200 emplois annoncés et renoncer aux projets de fermeture de 3 sites européens : Caen (France), Helsinki (Finlande) et Lisbonne (Portugal).
- Initialiser une enquête parlementaire européenne qui permettra de valider que l’intégralité des fonds versés à ST-Microelectronics est bien utilisée à créer et maintenir l’emploi en zone européenne et non pas à déplacer les compétences « ’Recherches & Développments » en micro-electronique vers d’autres continents.
- Considérer l’industrie du semi-conducteur comme un enjeu stratégique pour l’avenir de l’Europe et en ce sens mettre en place un organisme qui lui donnera tous les moyens pour relever ce défi qu’est la maîtrise des hautes technologies.
Le 17 juillet 2009