La crise est le résultat des politiques anti-sociales menées depuis 30 ans

jeudi 6 novembre 2008, par CGT.ST-STE

LAISSONS FAIRE LE MARCHÉ

Pendant plus de trente ans, on nous a dit qu’il fallait « réformer » pour moderniser l’économie. Il fallait réduire la présence de l’Etat, diminuer les impôts (des plus riches) pour encourager les initiatives et dynamiser l’économie. Les maîtres mots de la modernité étaient dérégulation, déréglementation, défiscalisation, délocalisations. Avec le « laissons faire le marché », on allait voir ce qu’on allait voir ! Avec la crise actuelle, on voit en effet …

La gravité de cette crise se mesure par l’incapacité des pouvoirs publics à la maîtriser, malgré des interventions très coûteuses. L’État français se dit prêt à mobiliser 360 milliards d’euros pour sauver les financiers, et pour garantir les opérations interbancaires et accroitre les fonds propres des institutions financières, l’Etat va faire appel aux mêmes marchés financiers, et contribuer de fait à renforcer leur logique désastreuse.

Or le problème ne réside pas seulement dans le système financier, mais aussi et surtout dans les politiques anti-sociales menées depuis 30 ans.

On ne résoudra pas la crise sans réorienter l’argent vers des dépenses utiles au plus grand nombre, c’est-à-dire :
  • augmenter les salaires, développer l’emploi, investir dans la formation ;
  • Orienter les crédits vers l’investissement, la recherche, les nouvelles productions ;
  • définir une stratégie industrielle répondant aux besoins des peuples. Une politique industrielle européenne est indispensable, de même qu’un pôle public de financement ;

Il ne faut surtout pas renoncer à nos revendications en matière de pouvoir d’achat et d’emploi ! Ce sont les sacrifices et les reculs sociaux constants qui nous ont menés là.

UNE EXIGENCE DÉMESUREE DE RENTABILITÉ

Les acteurs financiers ont pris le dessus dans la gestion des entreprises, les actifs financiers ont pris le pas sur les investissements en machines et en capacités de production et les exigences boursières d’une rentabilité à deux chiffres sont devenues la principale contrainte à satisfaire.
La part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises a baissé en moyenne d’environ dix points depuis 1976 dans les quinze pays de l’OCDE. Ce sont des sommes considérables qui sont allées nourrir la croissance financière.

La contrepartie de cette exigence démesurée de rentabilité, c’est la pression sur les salaires, la précarisation de l’emploi, la dégradation des conditions de travail et la dévalorisation du travail dans le processus productif.

Et ST ?

Recherche de fortes rentabilités (marge brute), le versement de dividendes, la fermeture de sites, la pression sur les salaires et l’emploi, les contraintes sur les congés, le gel des investissements, … ST n’a pas lésiné ces dernières années pour faire plaisir aux marchés financiers.

La politique actuelle est marquée par le court terme et la volonté de réduire les coûts et l’emploi. Or cela étrangle plus que ca ne sauve : il faut au contraire dépenser pour investir, au risque de s’endetter (et ST en est loin…).

Les employés ne sont pas que des coûts mais aussi un investissement, l’atout qui permet l’innovation et la réalisation des produits. Il est absurde que nos collègues de Display, HPE ou Connectivity ne soient pas reclassés sur le site alors que tant d’équipes manquent de moyens pour réaliser les projets. Au contraire de ce qui est fait, il faut sauvegarder voire développer l’emploi, avoir une vision de développement industriel a long terme, investir dans l’outil et dans l’environnement de travail, ce qui favorisera l’innovation etc.

Suivant les choix qui sont opérés, les JV avec NXP et Ericsson peuvent être une opportunité ou constituer une menace. ST est partie pour « optimiser » les emplois, avec à la clé un gâchis d’emplois et de compétences, des difficultés pour beaucoup d’entre nous. Nous devons agir collectivement pour que ST en fasse un vrai projet de développement industriel.